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Première partie: le discours non modulant :: Deuxième partie: les accords à fonction ornementale et le discours modulant

PREMIÈRE PARTIE - 1.1 - La genèse du modèle d'analyse :: 1.2 - La description du modèle d'analyse :: 1.3 - Une pratique d'analyse du discours harmonique tonal de Bach à Wagner :: 1.4 - En guise de conclusion générale

 


1.2 - La description du modèle d'analyse || 1. Le couple moteur et question connexe: L'accord de sixte napolitaine :: 2. La structure de base :: 3. L'unité discrète de découpage :: 4. Le mécanisme de substitution :: 5. Le mécanisme d'interpolation :: 6. Le mécanisme de déviation :: 7. Quelques règles du jeu à propos du découpage en U.S.H. :: 8. Applications à deux textes

Question connexe: L'accord de sixte napolitaine

De quoi s'agit-il?

- D'un accord parfait majeur construit sur le 2e degré abaissé d'un demi-ton chromatique, apparaissant le plus souvent dans une tonalité mineure, mais on l'observe, à l'occasion, dans une tonalité majeure.

Exemple 1 : J.S. Bach : Passacaille et fugue en do mineur, BWV 582 (mes 109-119 de la fugue)


m.m. renvoie à l'expression mode mixte*

Exemple 2 : R. Wagner : Tristan und Isolde, acte I, scène 1, Isolde (mes 113-117)


- Dit accord de sixte parce qu'il apparait généralement posé sur la tierce (les accords de trois sons au premier renversement sont désignés par le chiffrage arabe 6, d'où l'appellation "accords de sixte")

- Dit accord de sixte napolitaine parce qu'il semble avoir été popularisé par les compositeurs d'opéra napolitain au temps d'Alessandro Scarlatti.

 

Exemple 3 : A. Scarlatti : La Statira, no 117
N6 dans un geste tonal


 

Exemple 4 :A. Scarlatti : La Statira, no 51
N6 dans un geste plagal


 

Exemple 5 : A. Scarlatti : La Statira, no 109
N6 dans un parallélisme d'accords de sixte


Cependant, on le trouve aussi:

- À l'état fondamental

Exemple 6 : J. Haydn : Sonate pour piano, Hob. XVII:6, Andante con variazioni (mes 23-29)


 

Exemple 7 : E. Grieg : op. 5, no 2 (mes 37-41)


Exemple 8 : R. Schumann : Novelette, op. 21, no 1 (mes 98-101)
N à l'état fondamental dans une tonalité majeure


- au deuxième renversement

Exemple 9 : W.A. Mozart : Don Giovanni, Ouverture (mes 23-30)


Exemple 10 : F. Chopin : Sonate no 3, op. 58, Largo (mes 109-113)


Exemple 11 : F. Liszt : Années de pélerinage, Première année, Vallée d'Obermann (mes 110-117)


 

- et quelquefois sous la forme d'un accord de septième majeure au moment de la tonique déjà en place (à la basse comme pédale, ou ailleurs et autrement)

Exemple 12 : F. Schubert : Winterreise, op. 89, no 11, Frühlingstraum (mes 23-26)


Exemple 13 : F. Chopin : Nocturne, op. 62, no 2 (mes 76-79)


Exemple 14 : L.V. Beethoven : Symphonie no 3, op. 55, I (mes 260-284)
N sous forme d'un accord de septième majeure correspond ici à un point culminant de tension du développement de ce premier mouvement:


- au sein d'une marche d'harmonie (comme il apparaît aussi dans l'exemple 11, et comme on le retrouvera dans plusieurs exemples du site), ou au sein d'un parallélisme d'accords de sixte comme dans l'exemple 5, ainsi que dans l'exemple suivant:

Exemple 15 : F. Schubert : Wanderer-Fantaisie, D. 760, I (mes 143-152)


Mais pour conclure à l'avènement d'un accord de sixte napolitaine, encore faut-il et avant tout considérer la place qu'il occupe dans le discours, car rappelons-le:

À quel endroit dans le cycle de quintes survient donc la sixte napolitaine? Eh bien! Là où l'on observe la fonction II dont la sixte napolitaine est en quelque sorte une variante avec tension accrue:

Figure 9

- soit avant V dans le geste tonal

par exemple:
II - V - I faisant place à N - V - I
II - V de V - V - I faisant place à N - V de V - V - I

- soit avant I dans le geste plagal

par exemple:
IV - I faisant place à N - I

Dans cette perspective et pour distinguer le "vrai" du "faux", mettons en parallèle les mesures 1-2 et les mesures 7-8 du prélude no 20, non modulant, de l'opus 28 de Chopin:

Exemple 16 : F. Chopin : Prélude, op. 28, no 20 (mes 1-8)


Exemple 17 : F. Chopin : Prélude, op. 28, no 20 (mes 1-8)
Mise en parallèle des mesures 1-2 et 7-8


Voici également et sous le même angle, dans un contexte non modulant, le même accord remplissant la même fonction de IV de VI au sein d'une polarisation secondaire. Il ne s'agit donc pas d'un accord napolitain.

Exemple 18 : F. Mendelssohn : Chants sans paroles, op. 19, no 2 (mes 48-56)


Enfin, une dernière mise au point au sujet de l'accord napolitain. Quelle place occupe-t-il au sein d'une oeuvre? De fait, il survient très souvent en fin d'oeuvre, souvent en cours d'oeuvre, mais beaucoup plus rarement en début d'oeuvre. Voici quelques exemples de son apparition en début d'oeuvre:

Exemple 19 : L.V. Beethoven : Bagatelle, op. 119, no 9, Moderato (mes 1-8)


 

Exemple 20 : J. Brahms : Intermezzo, op. 10, no 3, Allegro (mes 1-9)


et quelques emplois rarissimes comme premier accord de l'oeuvre:

Exemple 21 : F. Chopin : Ballade no 1, op. 23, Largo (mes 1-9)


 

Exemple 22 : C. Saint-Saëns : Symphonie no 3, op. 78, I, Adagio (mes 1-8)


 

À travers le site, l'internaute pourra tout à loisir observer l'accord napolitain (analysé ou pas, joué ou pas) dans les exemples suivants:

Première partie du site:

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Deuxième partie du site:

nos 15 - 16 - 39 - 55 - 60 - 76 - 82 - 87 - 95 - 100 - 106 - 110 - 111

Avant de passer à la question suivante, nous désirons attirer l'attention sur une sorte d'extension de l'accord napolitain que nous désignerons sous l'appellation de l'accord plus-que-napolitain*. Une présentation succincte avec exemples à l'appui en est insérée dans le lexique et nous invitons le lecteur à en prendre connaissance.

2. STRUCTURE DE BASE d