2c. Les accords de 7e diminuée et de 7e de dominante à fonction ornementale
Outre les accords parfaits majeurs et parfaits mineurs (à l'état de 2e ou de 1er renversements et même à l'état fondamental) susceptibles d'être renvoyés au plan ornemental, deux types d'accords de 7e se détachent, parmi toutes ces structures pouvant résulter de l'emploi pour ainsi dire sans limite de l'ornementation. Il s'agit de l'accord de 7e diminuée et de l'accord de 7e de dominante (ou à sonorité de 7e de dominante), soit des deux types d'accords de 7e privilégiés par le discours tonal de Bach à Wagner. De fait, le recours des compositeurs tonaux à l'ornementation peut sembler parfois complètement débridé mais il demeure, la plupart du temps, dans les limites des sonorités d'accords de 7e diminuée ou de 7e de dominante, en ce qui concerne la résultante verticale de l'ornementation provoquant des accords de 7e.
Ces deux structures d'accord se présentent souvent comme une approche ornementale tout particulièrement de la fonction I et de la fonction V, sans exclure les autres fonctions cependant. À cet égard et poussant d'un cran le travail d'ornementation amorcé dans la variation 1, la variation 2 de l'opus 1 de Robert Schumann nous fournit un excellent matériau d'observation, en ce qui concerne un tel emploi d'accords de 7e diminuée:
Exemple 28 : R. Schumann : Variationen über den namen Abegg, op. 1, Thema (mes 1-8)
Exemple 29 : R. Schumann: Variationen über den namen Abegg, op. 1, Variation 1 (mes 1-8)
Exemple 30 : R. Schumannn : Variationen über den namen Abegg, op. 1, Variation 2 (mes 1-8)
L'approche ornementale peut faire place aux broderies, aux appogiatures, aux notes de passage, etc.
Exemple 31 : F. Chopin : Grande valse brillante, op. 18, Vivo (mes 29-36)
Exemple 32 : F. Mendelssohn : Rondo capriccioso, op. 14, Andante (mes 1-8)
Exemple 33 : F. Schubert : Quintette à cordes, op. 163, D. 956, I, Allegro ma non troppo (mes 1-20)
Exemple 34 : J. Brahms : Symphonie no 3, op. 90, I, Allegro con brio (mes 1-10)
Un traitement ornemental est également réservé à des accords de 7e de dominante (ou à sonorité de 7e de dominante), en sus des accords de 7e diminuée, dans les textes qui suivent:
Exemple 35 : R. Schumann : Carnaval, op. 9, no 12, fin
Exemple 36 : J. Brahms : Ballade, op. 10, no 4, Andante con moto (mes 5-12)
Exemple 37 : J. Brahms : Symphonie no 1, op. 68, IV, 3e section, Piu allegro (mes 1-6)
Exemple 38 : F. Chopin : Prélude, op. 28, no 24, Allegro appassionato (mes 61-77)
Exemple 39 : J. Brahms : Cappriccio, op. 76, no 8 (mes 52-67)
Exemple 40 : F. Chopin : Étude, op. 25, no 12, Allegro molto con fuoco (mes 45-47)
L'exemple précédent nous fournit l'occasion de souligner un autre principe directeur susceptible de nous aider à repérer les accords à fonction ornementale:
Lorsque, dans un fragment donné, seules deux voix bougent, en 3ces ou en 6tes parallèles, entrainant de ce fait la formation d'accords, on n'aura affaire, la plupart du temps et selon le contexte, qu'à des mouvements mélodiques, la fonction harmonique demeurant la même.